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Mode

Jupes et personnes non binaires : quelle place dans la mode ?

Jeune adulte nonbinaire dans un parc urbain en automne

La jupe ne s’excuse plus d’exister dans le vestiaire masculin. En 2023, plusieurs grandes maisons de couture ont inclus la jupe dans leurs collections masculines, sans l’annoncer comme un geste militant. Sur les plateformes de vente en ligne, la catégorie “jupe” n’est plus systématiquement associée à un genre unique. Pourtant, des enseignes refusent encore d’adapter leurs cabines d’essayage ou d’assumer des campagnes non genrées.

Des créateurs indépendants s’appuient sur des modèles non binaires pour bousculer les codes établis, tandis que certains consommateurs se heurtent à l’incompréhension dans les magasins traditionnels. Les marques font face à un dilemme entre l’innovation stylistique et la réalité des usages sociaux.

La jupe, un symbole en pleine transformation dans la mode contemporaine

La jupe n’a jamais été aussi visible ni aussi discutée dans le champ de la mode et du genre. Longtemps reléguée à la sphère dite « féminine » en Occident, elle s’impose aujourd’hui comme une pièce de choix pour qui veut s’affranchir des limites de la mode binaire. Depuis le XIXe siècle, le duel entre jupe et pantalon structure l’opposition entre hommes et femmes. Pourtant, certains créateurs, à commencer par Jean Paul Gaultier, ont, dès les années 1980, fait de la jupe dans le vestiaire masculin un manifeste contre les normes de genre.

Dans les ateliers parisiens de Gucci ou de Vivienne Westwood, la jupe quitte les sentiers balisés et s’affiche sur des modèles masculins, brouillant les repères du masculin-féminin. Du côté de la scène musicale, David Bowie et Harry Styles ont, chacun à leur époque, rendu familière une esthétique qui ne s’encombre plus des catégories. Leur audace inspire aujourd’hui toute une génération qui, sur les réseaux comme dans la rue, s’approprie les vêtements genrés sans complexe.

Quelques tendances fortes se dégagent :

  • La volonté de repenser le style sans se laisser enfermer par le genre
  • Une remise en cause des étiquettes hommes/femmes jusque dans les rayons des boutiques
  • L’affirmation et la présence visible des personnes non binaires dans la sphère publique

La mode contemporaine se retrouve ainsi au cœur d’une mutation profonde. La jupe devient le terrain de jeu d’une nouvelle génération attachée à la liberté d’expression et à l’individualité. Créateurs et adeptes de la jupe se croisent, se répondent, et font évoluer les codes du vestiaire en France et ailleurs, redéfinissant ce que la société attend, ou non, de chacun.

Pourquoi la question du genre reste centrale dans l’histoire du vêtement

Le genre a longtemps servi de boussole à la conception du vestiaire. En Occident, la séparation entre masculin et féminin s’est imposée à travers les vêtements : la jupe pour les femmes, le pantalon pour les hommes. Cette organisation, loin d’être une fatalité, prend racine au XIXe siècle et perdure tout au long du XXe, faisant du vêtement un marqueur social qui sépare et hiérarchise les corps.

Malgré ce découpage, la mode n’a jamais cessé de pousser les lignes. Yves Saint Laurent a fait entrer le tailleur-pantalon dans la garde-robe féminine, bousculant les conventions établies. Rudi Gernreich ou Yohji Yamamoto ont exploré la voie des vêtements unisexes, anticipant le glissement progressif vers une mode moins genrée. Aujourd’hui, voir des jupes ou des robes dans le vestiaire masculin n’est plus un acte de provocation, mais la manifestation d’un désir de réinventer le lien entre vêtement et identité.

Cette ouverture offre un terrain d’expression aux personnes non binaires, qui inventent un style sans boussole binaire. Leur visibilité, tant dans l’espace public que dans l’industrie de la mode, questionne la capacité du secteur à dépasser ses propres carcans. La jupe incarne plus que jamais cette tension : entre tradition et renouvellement, entre injonction collective et affirmation de soi.

Jupes et personnes non binaires : entre expression de soi et enjeux d’inclusivité

Longtemps, la jupe a été assignée à un seul genre. Ce n’est plus d’actualité pour de nombreuses personnes non binaires. À Paris comme sur les podiums, la jupe s’est muée en outil de visibilité, en manifeste. La porter, c’est affirmer la liberté de ne pas se plier au choix entre masculin et féminin, c’est marquer sa volonté de s’affranchir des normes de genre.

Les créateurs saisissent cette énergie. Vivienne Westwood revisite la jupe à destination des hommes, tandis que Harry Styles et David Bowie, chacun à leur époque, effacent les frontières dans l’espace public en imposant une vision du style où la jupe signifie pluralité et courage. Ce mouvement s’accompagne d’une montée des vêtements unisexes, de l’adoption de couleurs neutres et de coupes conçues pour tous les corps.

Face à ces attentes, l’industrie de la mode commence à ajuster son offre. Les grandes maisons lancent des collections où robe et jupe s’émancipent de toute assignation. Les personnes non binaires attendent une inclusivité réelle : des vêtements adaptés à leur identité, des campagnes moins genrées, des tailles et coupes diversifiées.

Deux axes émergent particulièrement dans cette nouvelle dynamique :

  • Expression de soi : la jupe devient une marque d’affirmation et de singularité
  • Enjeux d’inclusivité : l’offre vestimentaire cherche à dépasser la logique binaire

Ce mouvement redéfinit l’idée que la mode doit refléter la diversité des identités de genre, jusque dans le moindre look et la moindre tendance.

Groupe divers de nonbinaires discutant au café

Vers une mode non genrée : quelles évolutions pour demain ?

Le mouvement mode non genré s’ancre dans les transformations sociales récentes. Les jeunes générations, tout particulièrement, exigent une mode qui s’affranchit des catégories traditionnelles. Selon le Vogue Business Index, près d’un tiers des 18-25 ans privilégient des vêtements sans étiquette de genre. L’industrie bouge, parfois timidement : Gucci a lancé sa ligne « MX », brouillant les repères. Lors de la dernière fashion week à Paris, hommes en robes et femmes en costumes ont défilé côte à côte, sans fanfare, mais avec détermination.

La création vestimentaire s’émancipe du découpage binaire. Matières fluides, coupes amples, palettes neutres envahissent les rayons. Ce changement ne relève plus de l’exception : il marque un tournant. Le vêtement cesse d’imposer, il libère. Si les grandes maisons s’adaptent, ce sont souvent les petites marques qui innovent, expérimentant de nouveaux codes et transformant en profondeur le look contemporain.

Plusieurs signes tangibles illustrent cette mutation :

  • Certains magasins abandonnent les rayons séparés « hommes » et « femmes »
  • L’offre vestimentaire élargit les tailles pour s’adapter à toutes les morphologies
  • Les campagnes publicitaires se passent désormais de toute mention de genre

Derrière ces évolutions, une ambition s’affirme : permettre à chacun d’exprimer son identité à travers ses vêtements, sans contrainte ni case prédéfinie. La mode non genrée n’est plus une perspective lointaine : elle s’écrit, pièce après pièce, dans la réalité de tous les jours. Reste à voir jusqu’où la jupe, et tout ce qu’elle incarne, continuera de faire bouger les lignes.

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